Serge Tisseron :Neuf conseils pour gérer les écrans comme les aliments

A l’association 3/6/9/12, nous aimons beaucoup évoquer la métaphore alimentaire pour nous guider dans nos consommations d’écrans. Mais en pratique, qu’est-ce que cela signifie ? Tout d’abord, nous savons bien qu’il n’est pas nécessaire de nous mettre à table avec des amis, ni même tout seul. Nous pouvons manger un sandwich en marchant ou prendre dans notre réfrigérateur une alimentation toute préparée. Pourtant, dans toutes les cultures, l’alimentation a fait l’objet de nombreux rituels par lesquels l’être humain a socialisé cette activité de façon à en faire un moment de créativité et de partage.
A l’association 3/6/9/12, c’est ce que nous prétendons qu’il est possible de faire avec les écrans.
Pour le comprendre, prenons neuf domaines importants des rituels alimentaires et voyons quelles conséquences cela peut avoir pour l’organisation de nos consommations d’écran, individuelle, familiale et sociale.

1. Tout d’abord, les mamans, et aussi les papas, savent bien qu’il n’est pas opportun de mettre des biftecks, des frites ou des spaghettis dans le biberon du bébé. Cela ne veut pas dire que ces aliments soient toxiques, car alors ils le seraient à tout âge et il faudrait les bannir de notre alimentation. Cela signifie que le système digestif du bébé n’est pas adapté. De la même façon, le système mental du bébé n’est pas adapté pour tirer profit des écrans. Le jeune enfant n’a pas la capacité de recul suffisante, ni par rapport au contenu des images, ni par rapport aux émotions qu’elles suscitent en lui.

2. En second lieu, dans toutes les cultures, les enfants sont invités à respecter le rythme des repas, c’est-à-dire à manger à heure fixe. Autrement dit : « On ne grignote pas toute la journée. » De la même façon, évitons de grignoter nos écrans toute la journée. En tant qu’adulte, fixons-nous des tranches horaires pendant lesquels nous consultons nos écrans et invitons nos enfants à faire de même. Aussitôt que nous introduisons un écran dans la vie d’un enfant, faisons-le en ritualisant en ce moment, et pour cela, donnons lui un cadre horaire constant d’un jour sur l’autre, par exemple de 17h30 à 18 heures ou de 18 heures à 19 heures. Et fixons de préférence ce moment avant une activité qu’il n’est pas possible de déplacer, par exemple le bain ou le repas du soir.

3. Nous savons tous que l’un des plaisirs du restaurant, c’est de pouvoir choisir ! Exercer sa capacité de choix face à une offre de nourriture est plus satisfaisant que de manger simplement ce qu’on nous sert. De la même façon, faisons en sorte que notre enfant dispose d’une petite DVDthèque , deux à trois titres suffisent, de telle façon qu’il puisse choisir de regarder l’un ou l’autre selon les jours. Il se percevra plus facilement comme un citoyen du monde. En outre, en regardant plusieurs fois les mêmes programmes, il les comprendra mieux.

4. Nous ne mangeons pas dans le plat, mais dans une assiette. L’assiette représente pour chacun de nous une portion de nourriture, et c’est seulement après avoir fini que nous pouvons éventuellement avoir droit à une seconde portion. Le problème de la télévision, mais aussi de Netflix, de YouTube et de tous les fournisseurs d’accès, c’est qu’elle propose à l’enfant un continuum de programmes sans aucune interruption entre chacun. Un peu comme si l’assiette de l’enfant se remplissait automatiquement aussitôt qu’il l’a vidé. Il est bien évident que dans ces conditions beaucoup mangeraient trop ! Le DVD permet non seulement à l’enfant de regarder les programmes qui l’intéressent, mais aussi de regarder un programme qui se termine et après lequel il est possible de passer à une autre activité.
5. Nous savons bien que manger ensemble est souvent plus agréable que manger seul. Privilégions chez nos enfants les activités d’écran partagé. Établissons le rituel d’un long métrage regardé ensemble une fois par semaine, et préférons les jeux vidéo qu’on joue à plusieurs, de préférence en proximité physique, à ceux qu’on joue seul.

6. On ne laisse pas un enfant ou un adolescent emporter un paquet de biscuits dans sa chambre pour le consommer pendant la nuit. Évitons de la même façon qu’il emporte son téléphone mobile dans sa chambre. Et pour cela, fixons comme règle familiale que chacun laisse chaque soir son téléphone mobile sur la table du petit déjeuner pour le retrouver le lendemain matin.

7. Chacun sait bien que pendant un repas, les commentaires sur la nourriture sont les bienvenus. Cela permet de parler un peu du plat que l’on mange, mais aussi de ceux, semblables ou différents, qu’on a consommés en d’autres circonstances. Et la conversation s’anime ! De la même façon, parlons des écrans. En 1998, j’ai écrit un livre qui s’appelait Y a-t-il un pilote dans l’image ? J’y écrivais déjà : « La télé ce n’est pas seulement ce que l’on regarde, c’est ce dont on parle. »

8. Si manger ensemble est agréable, manger la nourriture fabriquée par l’un d’entre nous l’est plus encore. Apprenons à fabriquer nos propres images et apprenons à nos enfants à fabriquer les leurs. À partir de l’âge de six ans, n’hésitons pas à confier un appareil photographique numérique à notre enfant. Il nous permettra de voir le monde en quelque sorte avec ses yeux ! Il existe aussi des logiciels gratuits d’initiation à la programmation comme Scratch, et d’autres de fabrication de Stop movie, c’est-à-dire de films image par image.

9. Enfin, n’oublions pas le grand changement qui s’est opéré dans notre relation à la nourriture depuis quelques années. Alors que précédemment, l’accent était mis sur la nécessité de manger moins, il est mis aujourd’hui sur la nécessité de manger mieux. Bien sûr, quelques-uns d’entre nous mangent trop, mais ce ne sont pas forcément les plus gros ! L’obésité peut être liée à beaucoup d’autres facteurs. En revanche, ce qui est largement démontré, c’est que nous mangeons tous mal, et même très mal… C’est exactement la même chose avec les écrans. Bien sûr, certains en consomment trop. Ce ne sont pas d’ailleurs forcément ceux qui vont le plus mal. Il est possible de consommer peu d’écran, mais d’une façon préjudiciable à la vie sociale et à l’équilibre mental, notamment en surexposant son intimité ou en s’engageant dans des pratiques haineuses. Mais il est possible aussi de faire des écrans un usage créatif et socialisant, notamment à travers les réseaux sociaux et les jeux vidéo. Le problème de la plupart d’entre nous, ce n’est pas le temps que nous passons sur les écrans, c’est le fait que nous y avons des activités souvent répétitives, stéréotypées, peu créatives et peu socialisantes. Il a été montré que les personnes en souffrance, qu’il s’agisse de souffrance psychique et/ou de souffrance sociale, sont bien souvent celles qui utilisent le plus mal les médias numériques.

C’est pour toutes ces raisons qu’à l’association 3/6/9/12, nous invitons à socialiser notre relation aux écrans exactement de la même façon que nous avons socialisé notre relation à la nourriture. Dans un cas comme dans l’autre, nous y gagnerons à la fois en équilibre personnel et en sérénité familiale, et nos enfants apprendrons sans crise et sans douleur une bonne gestion des écrans.

Confinement : la philosophie peut-elle nous aider à bien vivre ?

Comment l’épidémie de Coronavirus redéfinit-elle nos vies ? Comment la philosophie peut-elle nous aider à bien vivre ces moments étranges ? Quelle sagesse pouvons-nous déployer ? Réponses avec le neuropsychiatre, psychanalyste et écrivain, Boris Cyrulnik, le directeur de la rédaction du Philosophie Magazine, Alexandre Lacroix, et la philosophe Claire Marin.

Le philosophe Blaise Pascal avait-il raison, au 17e siècle, en affirmant que « tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre » ?

Pour Claire Marin, cette situation est insupportable car elle nous renvoie à nos pensées sur notre misérable condition, à la peur de la maladie et de la mort. C’est pour cela que l’on essaie généralement à tout prix de ne pas rester seul avec soi-même.

Pour beaucoup, à l’heure du confinement, la chambre ou l’espace domestique est devenu quelque chose qui n’est plus seulement la sphère privée, ajouteAlexandre Lacroix. Le lieu est redoublé d’autres dimensions : une école pour les cours à distance, un bureau pour le télétravail, un lieu de réflexion sur la crise sociale et politique… Tous ces lieux, d’habitude disséminés, se retrouvent tout d’un coup recroquevillés dans un lieu unique.

Tout ce qui est vivant meurt un jour, c’est-à-dire que nous sommes contraints à la pulsation, explique Boris Cyrulnik : le jour/la nuit, l’éveil/le repos, la chambre/le social. Les deux sont opposés et pourtant fonctionnent ensemble.
« On est contraint à la chambre avec plaisir, à condition d’avoir eu auparavant et de rêver après de social. On est contraint au social à condition de pouvoir de temps en temps se réfugier dans les bras du lit et de régresser un peu. On est contraint aux deux en même temps. »

Que peut nous apporter la philosophie en ce moment ?

Pour Alexandre Lacroix, « le moment que nous traversons est un moment intrinsèquement philosophique, il est en lui-même une expérience philosophique.C’est un moment d’arrêt. Sous la pression de la globalisation libérale, d’économies tirées par la croissance, nos sociétés modernes se sont lancées dans la passion de l’accélération. Et là, il y a un point d’arrêt qui n’est pas individuel, comme le serait une maladie ou une retraite, il y a un point d’arrêt collectif. »

Tout à coup, on ne peut plus courir, il faut rester chez soi. Nous traversons collectivement un moment où nous pouvons nous interroger sur nos valeurs. La lecture de textes de philosophie, l’écoute de conversations avec des philosophes ou des penseurs apportent du discernement.

La thérapie par la philosophie, c’est la clarification conceptuelle, c’est-à-dire le discernement, le fait de ne pas se laisser emporter trop loin par les affects, de pouvoir mettre des mots précis sur les expériences que nous vivons, de pouvoir y voir un peu plus clair pour ne pas se laisser emporter par les angoisses qui peuvent remonter de l’intérieur, secrétées par le confinement et l’isolement.

Ce moment de suspension peut être vécu comme philosophique pour certains, pour qui c’est un luxe, une expérience un peu privilégiée, observe Claire Marin. Ils peuvent trouver dans la philosophie des supports de pensée, des horizons, des portes pour s’évader, que l’on peut trouver aussi dans la littérature. Pour d’autres, au contraire, c’est malheureusement une période où ils ont encore moins le temps de penser qu’auparavant.

Il y a des gens confinés chez eux et d’autres obligés par leur métier d’assurer le maintien de la civilisation matérielle et il y a là le germe d’une lutte des classes possibles.

Ce qui se joue aujourd’hui va-t-il nous transformer individuellement et collectivement ?

Comme après tous les traumatismes, nous allons être obligés de penser la vie autrement. Sinon, nous resterons prisonniers du passé, prisonniers du malheur, nous ne ferons que répéter, nous arrêterons de penser. C’est ce que l’on appelle le syndrome psycho traumatique.

« Si l’on pense, on est invité par le trauma à envisager une autre manière de vivre, et c’est la définition de la résilience, expliqueBoris Cyrulnik« On est contraint à réfléchir pour essayer de s’en sortir. On ne peut être bien dans sa chambre qu’en période de paix. Quand on est en guerre contre l’invisible, on a des angoisses. Si on ne fait rien, on est prisonnier, on est gelé. Si on se met à penser, on peut soit créer des merveilles et inventer une autre manière de vivre, soit créer des boucs émissaires, et là on ajoute du malheur au malheur. »

Boris Cyrulnik lit pour le moment des livres d’histoire et de civilisations. Il relit Sandraï qui raconte comment les épidémies ont modifié les cultures. Depuis que l’écriture existe, on voit comment les épidémies, en tuant beaucoup de monde, modifient la civilisation et nous obligent à penser différemment.

Est-il normal d’avoir peur ?

« Le confinement est une protection physique, mais c’est une agression psychique. En neurologie, on sait qu’un cerveau seul s’éteint. Un cerveau a besoin d’un autre pour être éveillé, pour se mettre à fonctionner. On a besoin de la présence et de la parole des autres pour que notre cerveau soit stimulé. Je ne peux devenir moi-même que s’il y a un autre auprès de moi, sinon je m’éteins ».

Boris Cyrulnik pense que le confinement, qui est bien sûr nécessaire, va provoquer des troubles psychiques. « Mais cela nous contraint à augmenter les mécanismes de défense. On peut être alors dans la production artistique, dans la philosophie. Certains auront une plongée intérieure, probablement mystique. »

A chaque catastrophe ou épidémie, on observe le même processus : augmentation du mysticisme, augmentation de la plongée dans un monde intérieur – la philosophie, la réflexion –, augmentation de la protection familiale et du groupe, et augmentation de la haine, de la recherche du bouc émissaire.

Il est prouvé neurologiquement que la prière, les croyances aident à lutter contre l’angoisse.

Assiste-t-on à la disparition de l’insouciance ?

On est en train de découvrir un autre versant de la réalité, qui touchait déjà les malades, les personnes âgées, qui vivent le confinement et l’angoisse. On découvre ce qu’est une menace, une inquiétude vitale. On assiste à une prise de conscience violente, radicale, de la fragilité d’un monde ou d’un système auquel on croyait de manière un peu légère.

Que penser des jeunes insouciants et inconscients ? L’adolescence, c’est l’âge de la transgression, rappelle Boris Cyrulnik. On a besoin de s’affirmer en s’opposant aux règles. Les ados croient se personnaliser en ne tenant pas compte des prescriptions sociales. « Sur le plan psychologique, ils font leur boulot d’adolescents. Mais sur le plan épidémiologique, ce comportement est dangereux parce qu’il fait voyager le virus. »

 

Quels liens humains à l’heure du coronavirus ?

Les liens humains se reconfigurent, se réinventent. Le numérique joue un grand rôle : il y a une intensification d’échanges via internet, des écrits, des photos, des conversations… « Bizarrement, je ressens une certaine chaleur, constate Alexandre Lacroix. « Les gens se demandent des nouvelles les uns des autres, entre collègues,… Il y a une proximité qui s’installe, un surcroît de civilité, de politesse, on est content de voir que l’autre est bien portant. Il y a pour le moment une revivification des liens humains, qui passe étrangement par la technostructure. »

On redécouvre aussi le téléphone, on s’appelle, ce qu’on ne faisait plus, ajouteClaire Marin. Il y a dans la voix quelque chose de plus touchant, de plus directement humain que dans les messages. Ce qui est premier dans les échanges, c’est d’abord le souci de l’autre, la dimension professionnelle vient après. C’est une belle expérience que nous faisons. Il y a des formes de solidarité inédites, qui avaient un peu disparu, entre voisins, entre amis.

Dans ces contacts, se manifestent des formes d’affection qui d’habitude n’osent pas se dire, peut-être par pudeur ou par contrainte sociale.

Peut-on espérer une décroissance de l’égoïsme à l’échelle mondiale ?

Le confinement va nous obliger à activer l’attachement : ceux qui étaient bien avant le virus vont téléphoner, lire, organiser des réunions par skype, des rituels familiaux, ils vont profiter de cette épreuve pour activer l’attachement et augmenter la solidarité. Ceux qui étaient fragilisés avant vont par contre être altérés par l’isolement social et décompenser, avoir des bouffées délirantes.

« Je pense qu’il va y avoir une révolution culturelle, avance Boris Cyrulnik. « Je fais le pari que quand la vie reprendra, que le virus sera mort et qu’on sera à nouveau autorisé à vivre, que culturellement beaucoup vont mettre en cause le sprint et l’excès de machines. »

Alexandre Lacroix est plus modéré : de façon structurelle, beaucoup d’entreprises, pour ne pas avoir à licencier, vont devoir rattraper la croissance perdue, il y aura donc un risque de réaccélération brutale, tout simplement pour ne pas risquer de perdre son travail. On pourrait tomber dans un productivisme post-crise, qui reproduirait en pire les travers de la période précédente.

Il est inquiet de voir déjà, après quelques jours de confinement, plusieurs lignes de front sociales se dessiner : une opposition entre les jeunes insouciants et les personnes âgées durement frappées, entre les bourgeois au confinement confortable et les prolétaires qui doivent travailler à l’extérieur et s’exposer au risque, entre la campagne et la ville. Il craint que ces lignes de fracture ne fassent quelques dégâts.

Après cette épidémie, l’idée de la fragilité qui est la nôtre va s’installer psychiquement en nous. L’incertitude sera plus intime, plus présente et plus angoissante. On peut espérer que cela engendrera des réactions positives, une prise de conscience. Mais on peut se rappeler aussi que souvent après une catastrophe, on voit émerger une forme de déni, de refoulement, et retrouver la vie d’avant peut nous donner l’impression que c’était juste une parenthèse et que cela n’arrivera plus, explique Claire Marin.

Notre rapport au temps va-t-il changer ?

Nous vivons avec le temps des écrans et tout à coup ce temps spatialisé se déchire, s’effondre sur lui-même. Pour Alexandre Lacroix, cela va laisser resurgir le temps psychologique, le temps du corps, le temps de la nature. Nous allons redécouvrir des temporalités que nous avions enfouies. Des temporalités plus incarnées, plus archaïques, plus sensibles.

Nous étions prisonniers du temps social et nous sommes en train de redécouvrir le temps intime.

A quoi se raccrocher pour tenir sur la distance ?

Alexandre Lacroix conseille de tenir un carnet de bord, d’écrire ou de dessiner, de retrouver ses passions de jeunesse, d’en tout cas faire quelque chose de ces semaines de confinement. Il suffirait de passer 2 ou 3 heures par jour à travailler à un beau projet pour que tout le reste de la journée soit coloré par autre chose que l’ennui, l’angoisse et les nouvelles alarmistes.

Pour Boris Cyrulnik, la recette d’adaptation au confinement tient à 3 choses : l’action, l’affection, la réflexion.

1 heure de culture physique devant son miroir pour secréter des endorphines tranquillisantes, des manifestations d’affection, comme celles qui ont soutenu les soldats pendant les guerres, et la réflexion, car comprendre, c’est maîtriser, c’est reprendre un peu de liberté.

Claire Marin voit dans cette période l’occasion de s’offrir une petite régression, si on la chance d’être confiné avec ses enfants. Cela peut être le moment de s’autoriser des divertissements plus créatifs, plus manuels, de mettre en place de nouveaux rituels pour alimenter ces liens d’affection. On a enfin du temps pour les liens et pour l’expression de l’affection !

Le complexe du homard

Dolto a inventé cette image pour représenter la crise d’adolescence. L’enfant se défait de sa carapace, soudain étroite, pour en acquérir une autre. Entre les deux, il est vulnérable, agressif ou replié sur lui-même.  Mais « ce qui va apparaître est le produit de ce qui a été semé chez l’enfant », avertit Dolto. Les parents devraient donc voir les crises explosives comme une preuve qu’ils ont rempli leur contrat, les repères éducatifs s’avérant suffisamment souples pour « sauter » au bon moment.
A l’inverse, si les parents sont trop rigides, l’adolescent restera prisonnier de sa carapace et désarmé face à la dépression.


Ré apprendre à apprendre

Remédiation cognitive dans le champ pédagogique

Pour Lev Vygotsky, (Psychologue soviétique 1960) le  développement et l’apprentissage sont deux processus interactifs : « l’apprentissage active le développement mental de l’enfant en réveillant les processus évolutifs qui ne pourraient être éveillés sans lui. « 
La communication avec l’adulte et les camarades sont d’une importance capitale pour le développement intellectuel de l’enfant. Par conséquent, en classe, la coopération entre l’enseignant et l’enfant est fondamentale.

Pour Jérôme S. Brunner, (Psychologue américain constructiviste), la médiation ou re médiation  se fait sur un mode communicationnel, par l‘interaction de tutelle ou l’étayage de l’adulte, qui prend en charge les éléments de la tâche que l’enfant, l’élève ne peut réaliser seul.En effet, c’est par le langage que l’enfant prend conscience de ce qu’il fait et par conséquent utilise ses propres savoir-faire.
Dans l’introduction de son ouvrage « Le développement de l’enfant, savoir dire savoir faire » Brunner résume la philosophie de Vygotsky :
« Il est impossible de concevoir le développement humain  comme autre chose qu’un processus d’assistance , d collaboration entre l’enfant et l’adulte, l’adulte agissant comme médiateur de la culture. « 

Lectures
« Le voyage d’Anton », par Loupan Mariana, Presses de la Renaissance, 2003
« Développer les capacités à apprendre : De Feuerstein à la méditation des apprentissages »
Remédiation cognitive : une ouverture pour les pratiques en psychologie a l’école ? par Bernard Douet, Les cahiers du D.E.P.S. – Revue en ligne du Diplôme d’Etat de Psychologie Scolaire de l’Université Paris Descartes